les paradis ne sont plus ce qu'ils étaient...


Exposition ouverte du 1er au 20 juillet les vendredi, samedi et dimanche de 14 à 18h.

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Invitation au vernissage du 2 juillet 18h
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Les paradis ne sont plus ce qu’ils étaient…

Richard Menant

 

L’exotisme du voyage lointain se traduit souvent au retour par une formule lapidaire : « On était au paradis... ». A l’île Maurice ou au Sri Lanka, le paradis recouvre des notions bien différentes. Le paradis mauricien est fait de photos aux couleurs irréelles, de plages de sable blond, de peaux bronzées, de naïades dénudées et d’hôtels cinq étoiles. Le paradis mauricien est fait pour être vendu.

Au Sri Lanka, ce sont les habitants du pays eux-mêmes, et non les brochures touristiques, qui décrivent leur propre pays comme un paradis. C’est la patrie fantasmée, le pays est pauvre mais il est beau. Cela aide à vivre, surtout lorsque c’est vrai. Alors, on évitera soigneusement de parler de la misère au soleil pour ne pas convoquer d’autres clichés éculés.

La notion de paradis est religieuse, elle relève de l’intime et de la foi pour s’étendre à des vacances banales, sur une plage ensoleillée  dans l’odeur de frite et de crème bronzante.

Je n’ai pas eu l’impression de fouler un paradis terrestre en cheminant le long des routes mauriciennes ou sri lankaises. J’ai rencontré des gens pauvres et dignes qui cherchaient en me regardant  ce qui me différenciait d’eux alors que l’évidence pointait le porte-monnaie.

J’ai visité comme un voleur des villages de tôles brûlantes comme autant de ghettos pour minorités vaincues, baignant dans un alcool frelaté qui, dit-on, permet de supporter l'insupportable.

J’ai eu droit à la moisson de sourires habituels et aux expressions de surprise des habitants lorsque je me hasardais dans des endroits réputés « dangereux » parce que pauvres. Je n’ai fait que constater que la mondialisation libérale accentuait les inégalités, nivelait les cultures pour finalement les réduire au culte de l’argent tandis que les habitants de ces pays , immobiles dans le soleil, le temple ou la mosquée attendaient que la chaleur baisse pour retourner travailler.

Et j’ai pris des photos, instinctivement, sans trop réfléchir. J’ai les idées plus claires un œil dans le viseur.